Syndicat de la magistrature

06. Prisons

  • PJL relatif à la prévention d’actes de terrorisme et au renseignement : nos actions communes

    C'est dans un certain silence pour le moins inquiétant que le projet de loi relatif à la prévention d'actes de terrorisme et au renseignement est actuellement examiné au Parlement. 
    Ce texte scelle toutes les craintes que le syndicat a exprimées depuis 2015 avec plusieurs organisations de défense des droits humains, des avocats et des universitaires, concernant l'inéluctable pérennisation des régimes d’exception mis en place en 2015. Des mesuresdécidées en urgence dans la loi dite renseignement du 24 juillet 2015 et des mesures de l’état d’urgence reprises ensuite de manière « temporaire » dans la loi dite SILT du 30 octobre 2017 vont ainsi être pérennisées et étendues au nom de la lutte contre le terrorisme, bien que la lecture de l'étude d’impact démontre leur inutilité, et au delà, le poison qu’elles inoculent dans l’ensemble du droit positif. 
    Nous avons adressé aux parlementaires une lettre commune de l'Observatoire des libertés et du numérique - dont le syndicat est membre - et de Wikimedia France ainsi qu'une note d'alerte signée par plusieurs associations, syndicats, avocats et chercheurs membres du "réseau anti-terroriste" avec lequel nous élaborons des analyses depuis 2015 sur ces législations d'exception. 
    Nos observations détaillées sur ce PJL sont par ailleurs disponibles ici.

    Lettre OLN aux parlementaires () Voir la fiche du document

    Note d'alerte réseau anti-terrorisme, droits et libertés () Voir la fiche du document

     

     

  • Etats généraux de la justice : le comité pourra-t-il être véritablement indépendant ?

    Compte rendu de nos auditions des 6 et 10 février, en présence des autres organisations syndicales de magistrats, par le comité indépendant des états généraux : 

     

    Depuis l'annonce des états généraux de la justice par le président de la République avant l'été et leur lancement mi-octobre, nous n'avons eu de cesse de dénoncer la méthodologie et le calendrier de cette prétendue consultation. En effet, ni les questionnaires orientés à destination des citoyens, ni le délai laissé tant aux groupes de travail thématiques (jusqu'à mi-décembre) qu'au comité indépendant (jusqu'à février) ne nous permettent d’être optimistes sur l'issue de ces états généraux. Au contraire, ceux-ci ne servent manifestement qu'à permettre au gouvernement de vanter les réformes déjà réalisées, et de pousser encore plus loin certaines de ses idées phares, à commencer par la poursuite de la déjudiciarisation.

    Dans ce cadre, nous avons fait le choix de ne pas répondre aux sollicitations des groupes de travail thématiques, sauf à leur adresser les écrits que nous avions déjà publiés sur leurs sujets, afin de ne pas apporter la caution d'une participation des organisations syndicales représentatives à un processus biaisé dès le départ. En revanche, nous avions sollicité le comité indépendant des états généraux afin de pouvoir échanger avec lui sur les enjeux liés à l'orientation de ces états généraux (cf. notre courrier en PJ).

    Cette rencontre s'est déroulée en deux temps, jeudi 6 janvier et ce jour, en présence des deux autres organisations syndicales représentatives de magistrats, avec pour objet d'aborder nos questionnements et sollicitations sur la méthode, mais également nos positions sur les "enjeux stratégiques" pour l'avenir de la justice.

    Le déroulé de ces deux rencontres ne peut - à ce stade - que nous interroger sur la capacité du comité indépendant à s'extraire de la méthodologie et du calendrier qui lui sont imposés par la chancellerie et l’Élysée.

    En effet, sur la méthodologie, nous avons interrogé le comité notamment sur les points suivants :
    - son droit de regard sur les questionnaires, la méthodologie et le déroulé des états généraux, et à défaut de marge de manœuvre, la manière dont il pourrait en tirer des conclusions au regard des biais de cette méthode ;
    - sa possibilité de s'affranchir du calendrier imposé pour à la fois prendre le temps d'imposer ses propres thématiques et sa propre méthodologie et conduire une véritable concertation sur des enjeux qui sont extrêmement vastes ;
    - la manière dont il entendait intégrer la question centrale des moyens alloués à la justice, en l'état totalement absente des thématiques définies.

    Le débat s'est révélé extrêmement bref, le président du comité se contentant de nous répondre qu'il estimait avoir jusqu'au 21 mars pour rendre ses travaux, le président de la République ayant évoqué la "fin de l'hiver", ce qui permettrait d'écarter toute suspicion d'une utilisation de leur rapport dans le cadre de la campagne présidentielle qui sera déjà quasi-achevée à cette date, tout en convenant que la date du 21 mars pouvait interroger dès lors qu'il n'y avait aucun impératif à rendre ces travaux avant les élections. Sur la méthodologie, le comité a admis n'avoir été constitué qu'une fois celle-ci arrêtée par la chancellerie. Seules deux questions du questionnaire relatif à la procédure pénale adressé aux citoyens ont été légèrement modifiées à leur demande. Pour autant, le comité y voit un avantage, à savoir qu'il ne se sent pas lié par ce qui pourra ressortir des questionnaires ou des ateliers thématiques, dès lors qu'il n'a pas été à l'initiative de cette organisation. Néanmoins, il nous apparaît que seules deux solutions sont possibles : soit le comité prend en compte le résultat de ces consultations, alors même qu'elles sont biaisées par leur orientation initiale et les délais contraints dans lesquelles elles ont été réalisées, soit il ne les prend absolument pas en compte, mais cela reviendrait alors à dire que le rapport final repose uniquement sur les positions des quelques membres du comité et des quelques auditions qu'ils auront réalisées de leur propre initiative.

    Or, là encore, vu l'ampleur des sujets traités, le temps imparti ne permet pas de réaliser un travail approfondi et tenant compte de l'ensemble des enjeux. En effet, nous avons disposé seulement d'un peu plus de 3 heures, pour trois organisations syndicales, pour débattre de questions aussi vastes que celles de notre vision de la justice et de sa place dans la régulation des conflits, de l'indépendance de la justice et du statut et de la responsabilité des magistrats, de l'unicité du corps ou encore de l'organisation de la justice. Autant dire que le débat s'est limité à l'expression par chacun de ses positions principales, outre la réponse à quelques questions ou demandes de précisions des membres du comité.

    L'organisation de la seconde rencontre n'a pu que nous inquiéter davantage sur la capacité du comité indépendant à s’affranchir du cadre pré-établi par la chancellerie et des desseins à peine cachés du gouvernement. En effet, l'ordre du jour annoncé depuis la fin novembre pour cette seconde rencontre portait sur les contentieux civils, la procédure pénale, le rôle du juge d'appel, l'application des peines, la justice de protection... Ce n'est que le matin de l'audition, soit quelques heures avant la rencontre, que nous avons été destinataires d'un questionnaire plus détaillé, largement inspiré par les orientations initiales s'étant dégagées du discours de lancement du président de la République. Si plusieurs questions paraissent encore ouvertes, la déjudiciarisation est le maître mot de ce questionnaire, outre le transfert de nouvelles compétences au parquet ou à l'autorité administrative, une nouvelle réforme de la carte judiciaire ou encore l'introduction de "dérogations à la gratuité de la justice". Certes le président du comité nous a précisé qu’il ne s’agissait que d’un simple canevas inspiré du cadre des états généraux, sans aucun préjugé sur la position qui pourra être celle du comité in fine, mais le simple fait de restreindre ces sujets à ces thématiques et à ce cadre initial reste inquiétant. Par ailleurs, une transmission aussi tardive de ce questionnaire nous conduit encore une fois à douter que la parole des organisations représentatives puisse être véritablement prise en considération, surtout avec un temps d’audition aussi bref pour le nombre de thèmes et de questions, outre que le comité ne dispose manifestement pas lui-même du temps nécessaire pour se réunir et se mettre d'accord dans des délais raisonnables sur les questions à poser.

    Compte tenu du temps imparti, tous les sujets n’ont pu être abordés cet après-midi. La question de l'accès à la justice et de l'éventuelle création d'une taxe a été évacuée, et il nous a été demandé de raccourcir nos propos concernant l'application des peines - un signe comme un autre des délais intenables des travaux du comité, de la priorisation de certains sujets et de la place laissée à l'écoute des organisations syndicales.

    Nous avons donc pris la liberté de nous écarter des questions qui nous étaient soumises quand nous l’estimions nécessaire, et avons soutenu notre position habituelle sur ces sujets, à savoir que les dysfonctionnements actuels de la justice, directement liés à l'indigence des moyens qui lui sont alloués, ne sauraient servir à nouveau de prétexte à une déjudiciarisation et une dégradation globale de l'accès aux droits et du contrôle de l’autorité judiciaire sur le respect des libertés individuelles Nous avons par ailleurs à nouveau exhorté le comité à démontrer réellement son indépendance en se donnant le temps d'une consultation dont il aura lui-même défini la méthodologie et les thématiques, en s'appuyant véritablement sur les organisations syndicales représentatives, ce qu’il ne semble néanmoins pas envisager à ce stade puisqu’il nous a d’ores et déjà été indiqué que le calendrier permettrait difficilement une nouvelle audition de nos organisations.

    Vous trouverez en pièce jointe les contributions que nous avons remises au comité indépendant.

    Courrier comité EGJ () Voir la fiche du document

    Sommaire de nos écrits et propositions () Voir la fiche du document

    Note sur l'organisation judiciaire () Voir la fiche du document

    Observations sur les moyens de la justice () Voir la fiche du document

  • Que serait la justice après 10 ans de révolution judiciaire ?

    Le Syndicat de la magistrature, qui prend activement part au débat public, porte un idéal de justice qu’il s’efforce de promouvoir, en faisant connaître la justice et ses enjeux aux citoyens, en étant en lien constant avec de multiples associations et collectifs de la société civile, en produisant des analyses critiques des projets de réforme sur lesquels son avis est requis, ou encore en exerçant des actions contre les textes qu’il juge trop liberticides et contraires aux principes constitutionnels. Actuellement il nourrit aussi des échanges avec les équipes de campagne de certains candidats à l’élection présidentielle.

    Inventer un futur désirable, peut aussi donner de l’élan pour l’action. Après la parution en 2012 et en 2017 de nos plateformes intitulées « Pour une révolution judiciaire »,  plusieurs de nos camarades, aidés par des avocats du SAF, se sont prêtés au jeu d’imaginer ce que serait la justice de demain si la plateforme des propositions du Syndicat de la magistrature était mise en application à compter de 2022. Le fruit de ce travail vous est présenté sous la forme d’un site dédié, où vous retrouverez aisément toutes nos propositions.

    Rêvons un peu : la révolution judiciaire a eu lieu, nous sommes en 2032, et nos propositions sont devenues réalité…


    Très bonne lecture !

     

    2022-2032 Le rapport complet () Voir la fiche du document

  • Le flambeau de la réinsertion menacé d'élimination ? Notre CP commun avec l'ANJAP et le SAF

    Deux ans après la condamnation de la France par la CEDH pour le caractère indigne et dégradant des conditions de détention dans ses établissements pénitentiaires, dont celui de Fresnes, et alors que les rats et punaises de lit y courent toujours, nos organisations s’indignent de ce que le garde des Sceaux s’émeuve d’une action de réinsertion.

    Alors qu’il y a peu, dans son discours d’investiture, Eric Dupond-Moretti affirmait penser « aux prisonniers et à leurs conditions de vie inhumaines et dégradantes », le ministre de la justice assume désormais une communication démagogique et sécuritaire, choisissant d’agiter le mythe populiste de la prison « club med », trop confortable ou récréative, plutôt que de rappeler la réalité carcérale que vivent au quotidien les 72 000 personnes détenues ainsi que les personnels pénitentiaires dans les prisons françaises.

    Il nous faut donc - encore une fois - rappeler que la surpopulation pénale en France a été qualifiée de « phénomène structurel » par la Cour européenne des droits de l’homme et qu’il en résulte, outre un quotidien relevant de traitements inhumains et dégradants pour les justiciables détenus, un accès aux soins, à la scolarité, à la formation ou au travail plus que limité dans ce contexte.

    Pire encore, legarde desSceaux, dont nous aurions attendu un rappel apaisé du sens de la peine et du travail carcéral, fait fi des objectifs de la peine affirmés dans l’article 707 du code de procédure pénale : la prévention de la récidive et la protection de la société, qui ne peuvent se départir de la réinsertion du condamné. Ces objectifs, en détention,passent par l’accès donné aux détenus à des dispositifs et activités variés, mis en œuvre par l’administration pénitentiaire et ses partenaires, leur permettant d’accroître leurs qualifications et compétences professionnelles, d’engager des réflexions sur leurs parcours personnels et leurs passages à l’acte, de remettre en question leurs schémas de pensée, de développer leur motivation au changement et ainsi, de s’amender.L’événement organisé à la maison d’arrêt de Fresnes s’inscrit clairement dans cette logique et nous déplorons cette polémique qui vise à le réduire à une farce au bénéfice de détenus injustement gâtés. Nos organisations continueront à soutenir ces actions collectives participant pleinement à donner son sens à la peine.

    Feignant de méconnaître l’investissement des acteurs de la réinsertion, tant dans la construction du projet sujet à financement, autorisation et vérification par la chancellerie, que dans sa réalisation et son aboutissement, le Ministre anéantit d’un tweet le travail réalisé par les conseillers pénitentiaires d’insertion et de probation, surveillants, associations autour de la personne détenue pour lui permettre de retrouver du sens dans le lien social.

    Alors même que le rapport Sauvé confirme le cri d'alarme autour de la nécessité d'un mécanisme de régulation carcérale que nous appelons depuis bien trop longtemps de nos voeux, nous demandons au ministre et à ses équipes de concentrer leurs efforts sur ce chantier prioritaire pour mettre fin durablement à la surpopulation carcérale.

  • Observations du SM devant le comité des ministres du conseil de l'Europe sur l'exécution de l'arrêt JMB

    Le Syndicat de la magistrature contribue au suivi de l'exécution de l'arrêt JMB c France en produisant des observations devant le comité des ministres

     

    Observations JMB 31 10 22 () Voir la fiche du document

    Observations JMB 21 07 21 () Voir la fiche du document

     

  • Proposition de loi "mieux lutter contre la récidive" : notre communiqué de presse

    Vous trouverez ci-dessous notre communiqué de presse commun avec l'ANJAP et le SAF concernant la proposition de loi visant à mieux lutter contre la récidive, prochainement examinée en séance publique à l'Assemblée nationale.

     

    PPL visant à mieux lutter contre la récidive - notre CP () Voir la fiche du document

  • Mission d'information alternatives à la détention et régulation carcérale

    Partant du constat que la peine de référence demeure l’emprisonnement et que les réformes successives ont échoué à endiguer la surpopulation carcérale, les peines dites alternatives n’ayant eu pour seul effet que de mordre sur les mesures de suivi en milieu libre oules remises en liberté, nous avonstenté d’identifier les causes de cette surpopulation et de l’échec de la politique menée en la matière.

    Nous avons formulé nos propositions pour endiguer le phénomène et  détaillé le mécanisme contraignant que nous portons depuis des années, régulant les sorties de détention lorsque le nombre de détenus dépasse le nombre de places ouvertes pour assurer un encellulement individuel.

     			
    			                        
                                                            Nos observations sur la régulation carcérale ()                       
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