Syndicat de la magistrature

Institutions judiciaires

  • Dix exigences pour la justice en 2017

    A l'occasion des élections 2017, dix exigences citoyennes pour la justice

  • Un problème, une commission

    Le garde des Sceaux a installé un groupe de travail pour la réduction des délais de traitement de la Justice.

  • Etats généraux de la justice : le comité pourra-t-il être véritablement indépendant ?

    Compte rendu de nos auditions des 6 et 10 février, en présence des autres organisations syndicales de magistrats, par le comité indépendant des états généraux : 

     

    Depuis l'annonce des états généraux de la justice par le président de la République avant l'été et leur lancement mi-octobre, nous n'avons eu de cesse de dénoncer la méthodologie et le calendrier de cette prétendue consultation. En effet, ni les questionnaires orientés à destination des citoyens, ni le délai laissé tant aux groupes de travail thématiques (jusqu'à mi-décembre) qu'au comité indépendant (jusqu'à février) ne nous permettent d’être optimistes sur l'issue de ces états généraux. Au contraire, ceux-ci ne servent manifestement qu'à permettre au gouvernement de vanter les réformes déjà réalisées, et de pousser encore plus loin certaines de ses idées phares, à commencer par la poursuite de la déjudiciarisation.

    Dans ce cadre, nous avons fait le choix de ne pas répondre aux sollicitations des groupes de travail thématiques, sauf à leur adresser les écrits que nous avions déjà publiés sur leurs sujets, afin de ne pas apporter la caution d'une participation des organisations syndicales représentatives à un processus biaisé dès le départ. En revanche, nous avions sollicité le comité indépendant des états généraux afin de pouvoir échanger avec lui sur les enjeux liés à l'orientation de ces états généraux (cf. notre courrier en PJ).

    Cette rencontre s'est déroulée en deux temps, jeudi 6 janvier et ce jour, en présence des deux autres organisations syndicales représentatives de magistrats, avec pour objet d'aborder nos questionnements et sollicitations sur la méthode, mais également nos positions sur les "enjeux stratégiques" pour l'avenir de la justice.

    Le déroulé de ces deux rencontres ne peut - à ce stade - que nous interroger sur la capacité du comité indépendant à s'extraire de la méthodologie et du calendrier qui lui sont imposés par la chancellerie et l’Élysée.

    En effet, sur la méthodologie, nous avons interrogé le comité notamment sur les points suivants :
    - son droit de regard sur les questionnaires, la méthodologie et le déroulé des états généraux, et à défaut de marge de manœuvre, la manière dont il pourrait en tirer des conclusions au regard des biais de cette méthode ;
    - sa possibilité de s'affranchir du calendrier imposé pour à la fois prendre le temps d'imposer ses propres thématiques et sa propre méthodologie et conduire une véritable concertation sur des enjeux qui sont extrêmement vastes ;
    - la manière dont il entendait intégrer la question centrale des moyens alloués à la justice, en l'état totalement absente des thématiques définies.

    Le débat s'est révélé extrêmement bref, le président du comité se contentant de nous répondre qu'il estimait avoir jusqu'au 21 mars pour rendre ses travaux, le président de la République ayant évoqué la "fin de l'hiver", ce qui permettrait d'écarter toute suspicion d'une utilisation de leur rapport dans le cadre de la campagne présidentielle qui sera déjà quasi-achevée à cette date, tout en convenant que la date du 21 mars pouvait interroger dès lors qu'il n'y avait aucun impératif à rendre ces travaux avant les élections. Sur la méthodologie, le comité a admis n'avoir été constitué qu'une fois celle-ci arrêtée par la chancellerie. Seules deux questions du questionnaire relatif à la procédure pénale adressé aux citoyens ont été légèrement modifiées à leur demande. Pour autant, le comité y voit un avantage, à savoir qu'il ne se sent pas lié par ce qui pourra ressortir des questionnaires ou des ateliers thématiques, dès lors qu'il n'a pas été à l'initiative de cette organisation. Néanmoins, il nous apparaît que seules deux solutions sont possibles : soit le comité prend en compte le résultat de ces consultations, alors même qu'elles sont biaisées par leur orientation initiale et les délais contraints dans lesquelles elles ont été réalisées, soit il ne les prend absolument pas en compte, mais cela reviendrait alors à dire que le rapport final repose uniquement sur les positions des quelques membres du comité et des quelques auditions qu'ils auront réalisées de leur propre initiative.

    Or, là encore, vu l'ampleur des sujets traités, le temps imparti ne permet pas de réaliser un travail approfondi et tenant compte de l'ensemble des enjeux. En effet, nous avons disposé seulement d'un peu plus de 3 heures, pour trois organisations syndicales, pour débattre de questions aussi vastes que celles de notre vision de la justice et de sa place dans la régulation des conflits, de l'indépendance de la justice et du statut et de la responsabilité des magistrats, de l'unicité du corps ou encore de l'organisation de la justice. Autant dire que le débat s'est limité à l'expression par chacun de ses positions principales, outre la réponse à quelques questions ou demandes de précisions des membres du comité.

    L'organisation de la seconde rencontre n'a pu que nous inquiéter davantage sur la capacité du comité indépendant à s’affranchir du cadre pré-établi par la chancellerie et des desseins à peine cachés du gouvernement. En effet, l'ordre du jour annoncé depuis la fin novembre pour cette seconde rencontre portait sur les contentieux civils, la procédure pénale, le rôle du juge d'appel, l'application des peines, la justice de protection... Ce n'est que le matin de l'audition, soit quelques heures avant la rencontre, que nous avons été destinataires d'un questionnaire plus détaillé, largement inspiré par les orientations initiales s'étant dégagées du discours de lancement du président de la République. Si plusieurs questions paraissent encore ouvertes, la déjudiciarisation est le maître mot de ce questionnaire, outre le transfert de nouvelles compétences au parquet ou à l'autorité administrative, une nouvelle réforme de la carte judiciaire ou encore l'introduction de "dérogations à la gratuité de la justice". Certes le président du comité nous a précisé qu’il ne s’agissait que d’un simple canevas inspiré du cadre des états généraux, sans aucun préjugé sur la position qui pourra être celle du comité in fine, mais le simple fait de restreindre ces sujets à ces thématiques et à ce cadre initial reste inquiétant. Par ailleurs, une transmission aussi tardive de ce questionnaire nous conduit encore une fois à douter que la parole des organisations représentatives puisse être véritablement prise en considération, surtout avec un temps d’audition aussi bref pour le nombre de thèmes et de questions, outre que le comité ne dispose manifestement pas lui-même du temps nécessaire pour se réunir et se mettre d'accord dans des délais raisonnables sur les questions à poser.

    Compte tenu du temps imparti, tous les sujets n’ont pu être abordés cet après-midi. La question de l'accès à la justice et de l'éventuelle création d'une taxe a été évacuée, et il nous a été demandé de raccourcir nos propos concernant l'application des peines - un signe comme un autre des délais intenables des travaux du comité, de la priorisation de certains sujets et de la place laissée à l'écoute des organisations syndicales.

    Nous avons donc pris la liberté de nous écarter des questions qui nous étaient soumises quand nous l’estimions nécessaire, et avons soutenu notre position habituelle sur ces sujets, à savoir que les dysfonctionnements actuels de la justice, directement liés à l'indigence des moyens qui lui sont alloués, ne sauraient servir à nouveau de prétexte à une déjudiciarisation et une dégradation globale de l'accès aux droits et du contrôle de l’autorité judiciaire sur le respect des libertés individuelles Nous avons par ailleurs à nouveau exhorté le comité à démontrer réellement son indépendance en se donnant le temps d'une consultation dont il aura lui-même défini la méthodologie et les thématiques, en s'appuyant véritablement sur les organisations syndicales représentatives, ce qu’il ne semble néanmoins pas envisager à ce stade puisqu’il nous a d’ores et déjà été indiqué que le calendrier permettrait difficilement une nouvelle audition de nos organisations.

    Vous trouverez en pièce jointe les contributions que nous avons remises au comité indépendant.

    Courrier comité EGJ () Voir la fiche du document

    Sommaire de nos écrits et propositions () Voir la fiche du document

    Note sur l'organisation judiciaire () Voir la fiche du document

    Observations sur les moyens de la justice () Voir la fiche du document

  • La grande gabegie - Enquête sur la politique de ressources humaines du ministère de la Justice

    Incohérente, pathogène, inadaptée au fonctionnement des juridictions et indifférente au sort du justiciable.

  • Justice de proximité: un an au service de la communication du ministre

    CP pénal justice de proximité 17 02 22 () Voir la fiche du document

    En décembre 2020, à la suite de l’opération de communication menée par le garde des Sceaux pour accompagner la sortie de sa circulaire dédiée à la justice de proximité – entendue uniquement comme une justice pénale – nous avions d’ores et déjà pu établir quelques pronostics sur le futur discours du ministère dans les mois suivants.

    La circulaire en question imposait aux parquets des efforts et des remontées statistiques sur des items précis, permettant d’ores et déjà de prédire ce que seraient les formules chocs dans la bouche de notre garde des Sceaux : les audiences foraines ont augmenté, les mesures de réparation se sont multipliées tandis que les simples rappels à la loi auront diminué. 

    A la lecture du communiqué de presse de ce jour, un seul mot : BINGO !

    Enfin, à ceci près que le communiqué en question se garde bien d’effectuer des comparaisons avec les années précédentes pour bon nombre des items concernés. Les audiences foraines sont d’ailleurs opportunément rebaptisées « audiences hors les murs du tribunal judiciaire », ce qui permet d’y inclure toutes les audiences qui se tenaient précédemment déjà au sein des ex-tribunaux d’instance.

    Au-delà des statistiques, rien ne permet d’évaluer l’efficacité de ladite « justice de proximité » en matière pénale, ni son apport qualitatif. Le ministère se contente à nouveau d’assener des affirmations présentées comme des vérités – comme le supposé sentiment d’impunité des auteurs de ces contraventions et petits délits. Aucune analyse en revanche du casse-tête que devient la détermination de la juridiction amenée à juger une infraction, quand il s’agit de faire du cas par cas, infraction par infraction, entre le tribunal de proximité et le tribunal judiciaire, le tout sur la base d’une simple circulaire. 

    Aucune démonstration non plus du fait que l’accélération de la réponse pénale pour ces petits délits et contraventions – dont les délais étaient au demeurant moindres que pour d’autres infractions – aurait un impact en termes de prévention de la récidive. Enfin, aucune mention du reste du champ de la justice pénale, portant sur des infractions bien plus graves. Ainsi, les dossiers correctionnels complexes – notamment issus de l’instruction – et les dossiers criminels, sont ceux dont les délais de jugement apparaissent les plus importants, comme l’inspection générale de la justice a pu le noter dans ses rapports sur le diagnostic de l’état des stocks dans les juridictions. Pour autant, nous attendons toujours que le ministère nous communique des statistiques précises à ce sujet, qui semble bien moins le préoccuper que les petites incivilités…

  • Transparence, transparence ? Est-ce que j'ai une gueule de transparence ?

    Alors que la transparence annuelle sortie le 18 février dernier en a surpris plus d'un – par les postes n'y figurant pas – et que la transparence complémentaire annoncée se fait toujours attendre, un article publié dans Le Monde hier a révélé des faits pouvant être qualifiés d’atteinte grave à l’indépendance de l’autorité judiciaire par le pouvoir exécutif.

  • Les cabinets de conseil se voient dotés des moyens que la justice n'a pas !

    Depuis la publication du rapport de la commission d'enquête du Sénat sur l’influence croissante des cabinets de conseils privés sur les politiques publiquesremis le 16 mars 2022, le président de la République et les membres de son gouvernement sont interpellés publiquement sur ces dérives coûteuses, manifestement non contrôlées, et dont l’utilité pour la conception et le pilotage des politiques publiques est loin d’être toujours au rendez-vous.

    Notre ministère n’a pas échappé à cette tendance puisque ses dépenses vers les cabinets de conseil ont triplé entre 2018 et 2021. Dans un contexte de pénurie généralisée des moyens en juridictions, l’utilisation des deniers du ministère en « consultations citoyennes », « accompagnement au changement » ou « conception d’un baromètre social » nous interpelle fortement. Les états généraux de la justice en sont l’archétype et la dépense de près d’un million d’euros pour la consultation de citoyens, eux-mêmes peu convaincus de l’utilité de la démarche, dont les conclusions sont déjà largement connues de tous, confine au scandale.

    Vous trouverez ci-joint notre analyse pour ce qui concerne le recours aux cabinets de conseil par le ministère de la justice dans une tribune diffusée sur notre blog Médiapart, à la suite d’un article du journal publié la veille sur ce sujet.

    Tribune cabinets de conseil et MJ () Voir la fiche du document

  • Eric Dupond-Moretti reste garde des Sceaux, ou comment, peu à peu, le pouvoir exécutif met la justice au pas

    A la stupéfaction d’une grande partie du monde judiciaire, Eric Dupond-Moretti a été reconduit dans ses fonctions de garde des Sceaux.

  • Etats généraux de la justice : toujours le même diagnostic d’une justice à l’agonie. A quand un plan d’action d’urgence ?

    Notre communiqué de presse commun avec le SAF à l'occasion de la remise du rapport des Etats généraux de la justice au président de la république le 8 juillet 2022

    CP 7 juill EGJ ()

     

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