« La défenseure des droits a franchi les limites de l’imbécilité en suggérant de suspendre les contrôles d’identité dans certains quartiers. Elle a oublié qu’elle devait aussi défendre le droit » a fustigé, selon Le Canard Enchaîné, Emmanuel Macron, suivi d’une cohorte de décideurs publics qui depuis tant d’années ont transformé les débats sur la sécurité en véritable pyrotechnie machiavélique. Le débat a cette fois été bien vite clos par le Premier ministre qui n’a pas manqué de rappeler l’indépendance du gouvernement face aux autorités administratives indépendantes et écarté d’emblée, et sans motif, cette proposition du DDD, cette succession de déclarations démontrant encore plus clairement que d’ordinaire le mépris de l’exécutif pour les avis des AAI.

Si le président de la République a oublié d’être un imbécile, il lui manque toutefois la faculté de défendre le droit.

Défendre le droit, c’est s’attaquer à un mécanisme pénal qui est source de discriminations. Véritable « cérémonie de dégradation », les contrôles d’identité administratifs ou sur réquisitions ciblent certains individus considérés comme suspects, indésirables ou étrangers sur la seule base de leur apparence physique ou de leur origine supposée.

Défendre le droit, c’est s’attaquer à un dispositif policier qui s’avère inutile judiciairement. Devenu une routine policière, le contrôle d’identité n’aboutit pourtant que très rarement à la découverte d’une infraction pénale.

Défendre le droit, c’est s’attaquer à des pratiques policières de contrôles répétés des mêmes individus qui minent durablement la confiance entre les forces de l’ordre et la population. Etre systématiquement perçu comme un potentiel délinquant en dehors de tout comportement suspect, forcément ça mine.

Nombre de gouvernements étrangers, de sociologues, de juristes, d’instituts, d’autorités administratives, de cours suprêmes, doivent vraiment être tapis d’imbécilité pour dénoncer l’inutilité et les dangers des contrôles d’identité et conclure sinon à leur suppression du moins à leur limitation drastique. Même l’expérimentation des récépissés de contrôle, qui permettrait de fonder les contrôles sur des motifs objectifs et individualisés et qui a fait ses preuves à l’étranger, a été maintes fois balayée d’un revers de main.

Abusif, discriminatoire, inutile, intraçable. Et pourtant, la police aurait tort de se priver de cette arme, essentielle pour asseoir un rapport de domination sur une partie de la population déjà ghettoïsée et blinder une autorité sur l’espace public que l’on ne saurait protéger que par la brutalité. Décidément, il n’y aurait que les imbéciles qui songeraient à y remédier.