Formation/recrutement des magistrats

Extrait du projet du Syndicat de la magistrature pour 2017

Un premier constat s’impose : l’accès à la magistrature reste peu démocratique.
Les statistiques en témoignent : pour intégrer l’École nationale de la magistrature (ENM) à bac + 4 ou 5, il est décidément préférable de pouvoir vivre un ou deux ans à Paris et de s’inscrire dans une boîte à concours privée. Pour faire échec, autant que possible, à cette croissante discrimination par l’argent – qui contrevient au principe constitutionnel de l’égal accès aux emplois publics – il y aura lieu de limiter drastiquement les frais d’inscription dans les préparations privées et de renforcer substantiellement les moyens des préparations publiques, aujourd’hui largement laissées à l’abandon. En particulier, une politique volontariste de revalorisation et d’harmonisation des instituts d’études judiciaires (IEJ), attachés aux universités, devra être menée sur l’ensemble du territoire national. Les juridictions y seront associées de telle sorte que les magistrats désireux de prendre part à des enseignements préparatoires seront prioritairement orientés vers ces structures. L’ENM ne pourra entretenir aucune relation avec les préparations privées. De manière plus fondamentale, car la sélection sociale s’opère tout au long des études, des mesures devront être prises pour lutter efficacement contre la précarité étudiante : gratuité des frais d’inscription, de transport et de soins, construction de logements, salaire social ou allocation d’autonomie... Les collèges du droit – qui instituent des filières d’excellence au sein des universités – seront supprimés en ce qu’ils portent atteinte à l’égalité dans la formation universitaire. Les classes préparatoires « Égalité des chances » mises en place en 2008, accessibles sur dossier et situées dans trois grandes métropoles, ne sont aujourd’hui qu’un pis aller et ne peuvent se substituer à une réforme d’ampleur de l’université.


Le contenu du concours lui-même sera revu, à rebours des logiques technocratiques et discriminatoires qui ont présidé à ses dernières transformations. Les tests psychologiques, qui ont déjà démontré leur inutilité et leur dangerosité tant ils répondent à un objectif d’uniformisation des personnalités, n’y ont pas de place. Dans un autre registre, l’épreuve de langue obligatoire ne sera plus cantonnée à l’anglais et le programme du concours devra s’ouvrir, de manière optionnelle, à des disciplines non juridiques plus définies que la culture générale, telles que la philosophie, la sociologie ou l’histoire. (...)

 

 

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