Communiqué du Syndicat de la magistrature en réaction aux articles de Médiapart du 9 décembre et du Monde daté du 10 décembre annonçant la nomination de Catherine Pignon comme procureur financier

Dans son édition datée du 11 décembre 2013, le journal « Le Monde », après « Médiapart » hier, annonce que la chancellerie aurait choisi de nommer Catherine Pignon au poste de Procureur financier, alors même que l’appel à candidatures ouvert sur ce poste n’est pas encore clos.
Il n’aura donc fallu attendre que quelques semaines après l’adoption par le Parlement de la loi créant le procureur financier pour que ce texte révèle ses défauts majeurs : l’absence totale de garantie statutaire d’indépendance pour ce procureur, nommé comme les autres par le pouvoir exécutif, dans des conditions opaques, et placé sous sa tutelle.
Comme seul gage d’une prétendue indépendance, le gouvernement en serait donc réduit, pour éviter « tout soupçon » de partialité, à nommer une magistrate, « fidèle » d’Yves Bot, ancien procureur général de Paris et ex dirigeant de l’APM, association professionnelle droitière de magistrats, dont la carrière devrait beaucoup, selon la presse, à la précédente majorité et qui ne se serait guère distinguée par son esprit d’indépendance…
Après la déflagration de l’affaire Cahuzac et la volonté affichée du gouvernement de lutter contre la grande délinquance financière, nous attendions une réforme constitutionnelle garantissant l’indépendance des magistrats du parquet, seul et unique moyen de rompre avec la confusion des intérêts politiques et économiques rendue possible par la trop grande influence du pouvoir exécutif sur le ministère public.
Au lieu de cela, il nous est proposé une farce politicienne !