2. La défense de la justice 
contre la stigmatisation démagogique des magistrats

La justice est rendue publiquement, au nom du peuple français. À ce titre, elle doit pouvoir être contestée dans son exercice, par les voies de recours évidemment, mais également dans le débat public. L’institution doit rester accessible à la réflexion critique sur les pratiques professionnelles, sans entrave abusive à la liberté d’expression : il ne doit pas y avoir de sanctuaire pour la justice.

Si la critique, même vive, est un aiguillon désirable, à tout le moins nécessaire, les manoeuvres de déstabilisation, de stigmatisation démagogique heurtent l’équilibre des pouvoirs dans une démocratie. Le Syndicat de la magistrature se fait alors un devoir de réagir publiquement contre des accusations faciles puisqu’elles visent des magistrats soumis au devoir de réserve.

Ce qui est en jeu, ce n’est pas l’ego blessé des magistrats, mais bien notre système institutionnel et la confiance des citoyens dans la justice. Lorsqu’elles émanent du milieu politique, voire de l’Exécutif, les attaques répétées, parfois ad hominem, se font d’autant plus virulentes qu’elles visent à nier à la justice le droit de s’intéresser aux affaires. En bref, à faire diversion. Il n’y a pas à transiger : une classe politique ne devrait pas dire ça.

La stigmatisation démagogique crée un climat qui autorise périodiquement le dénigrement de l’institution judiciaire, par exemple quand des organisations syndicales policières manifestent sous les fenêtres des palais de justice pour contester une mise en cause ou une condamnation qui leur déplaît. Quand l’exemple vient de si haut dans l’architecture du pouvoir – passé, en place ou en campagne – il n’y a rien d’étonnant à de tels débordements.

Les procès faits à la justice mêlent accusations de laxisme et d’acharnement coupable, selon qu’elle exerce son office sur ceux qui relèveraient de son public naturel ou sur ceux qui revendiquent une impunité pour euxmêmes. Accusations de politisation, de partialité et de dogmatisme sont alors les paravents d’un mépris plus profond, d’un refus de la justice, relayé avec complaisance par certains medias.

La critique argumentée et constructive de la justice a toute sa place dans une démocratie. Sa mise en cause à des fins populistes est intolérable. La pression ainsi exercée sur les magistrats doit être combattue pied à pied : le Syndicat de la magistrature s’y emploie avec détermination, notamment dans les medias. Il y rappelle le respect dû aux institutions, débusque les confusions savamment entretenues et les doubles discours de ceux qui ne voudraient de justice qu’à leur service.