Discours d'ouverture du congrès en lieu et place du rapport moral

Il y a un an, à Nice, le pouvoir macroniste venait de s'installer et notre première urgence était de décrypter la nouvelle manufacture du pouvoir. Cette année s'est révélée à la mesure de nos inquiétudes. Elle les a même dépassées. L'exercice vertical du pouvoir, le contournement - à peine poli - des contre-pouvoirs, la production d'une loi destinée à quelques-uns bradant les droits de tous, tout cela a définitivement pris corps.
Les projets gestionnaires et sécuritaires version 2.0 ont bien fleuri, habillés - pour la forme - par un discours condescendant sur la pédagogie. Confronté à cette étonnante incapacité collective – de tous les professionnels de justice - à comprendre, le ministère a mis les moyens en matière de pédagogie : des tours de VRP avec la ministre ou les directeurs en guest star, des images éclairantes (le saviez-vous ? Le ministère maintiendra des tribunaux, ces bâtiments carrés avec toit et marqué tribunal devant) et des concepts brillants : la simplification, la numérisation, la rentabilité. Des concepts creux.
Mais il ne suffit pas de répondre par notre propre condescendance, regarder ce discours creux de haut : ce serait sous-estimer son efficacité, sa dimension clairement politique et sa violence. Car derrière la façade souriante, parfois l'apparence d'amateurisme ou d’innocuité, ce que l'exercice du pouvoir révèle, c'est une attitude décomplexée et brutale une facilité à orchestrer, à coup de bulldozer, le démantèlement du service public, des droits et de la justice. Et la capacité de le faire.
Les masques tombent…