Face au déni de la chancellerie, qui s’obstine à faire comme si notre système judiciaire pouvait fonctionner de manière satisfaisante avec des effectifs et des moyens qui font de la France la honte de l’Europe, le Syndicat de la magistrature a lancé au mois de février dernier une grande enquête sur la charge de travail, avec un questionnaire adressé à l’ensemble des magistrats.


754 magistrats nous ont répondu. Au-delà de ce taux de réponse considérable pour une enquête de ce type, beaucoup se sont saisis de cet espace inédit pour nous écrire, parfois longuement, sur leurs conditions de travail.


envers du decorVous trouverez ci-joint notre analyse détaillée des réponses reçues, dans un document de 22 pages intitulé "L'envers du décor, enquête sur la charge de travail dans la magistrature".


L'analyse des réponse de nos collègues met des chiffres précis et des mots édifiants sur la réalité de la charge de travail. Elle montre que loin de relever de la situation individuelle exceptionnelle, la souffrance au travail est une réalité silencieuse mais fréquente, produit structurel d’une organisation qui ne vise qu’à faire toujours plus avec moins. Nos travaux révèlent une magistrature trop souvent au bord de la rupture, ne tenant que par passion pour son métier, par conscience de l’importance de sa mission, ou par acharnement à faire face coûte que coûte, dans une culture professionnelle qui valorise tant la solidité et l’abnégation, et tolère si peu la faiblesse. Ils démontrent l’indigence de la réponse actuelle de la chancellerie, qui se félicite bruyamment d'une augmentation du budget de la justice essentiellement consacrée à la construction de prisons, alors que le budget des services judiciaires stagne. Quant à son réveil tardif à la suite des remarques de la Cour des comptes sur son incapacité à évaluer précisément la charge de travail, la DSJ ne fait que promettre de faire enfin ce qu'elle promet de faire depuis des années. Et encore, il n’est question dans son esprit que de mieux répartir la pénurie, à moyens constants.


Il ne s’agit pas ici de faire plaindre les magistrats, mais de susciter une prise de conscience de l’opinion et des pouvoirs publics sur les conditions dégradées, dégradantes et en dégradation, dans lesquelles la justice est rendue en France.


Au terme de cette étude inédite, la question doit aujourd’hui être posée : combien de temps accepterons nous encore collectivement que la justice soit rendue dans de telles conditions ?


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Notre enquête est à lire en pièce jointe.

L'interview de notre secrétaire général est à écouter ici