Les dérives du droit et de la justice en matière de répression de la délinquance sexuelle ont des effets cruels. L'affaire d'Outreau n'est peut-être pas un simple dysfonctionnement, mais la figure emblématique d'une justice résignée à l'oubli de ses grands principes, sous la pression d'une législation de plus en plus répressive et d'une opinion publique de plus en plus sensible au populisme pénal. La démocratie compassionnelle prime le droit.
Au-delà des prétoires, la répression prospère dans la plus grande hypocrisie. La censure et l'autocensure s'imposent. La panique morale commande une pénalisation accrue de la prostitution et de la pornographie.
Et si l'homosexualité est enfin dépénalisée, le mariage homosexuel demeure une figure de l'interdit. L'ordre moral ne saurait s'accommoder d'une éthique sociale minimale, qui demeurerait neutre à l'égard des conceptions du bien personnel.

Editions Syllepse, mai 2006.