Communiqué de presse du Syndicat de la magistrature en réaction à la nomination d'un nouveau ministre de la Justice

Il y a déjà longtemps que ce gouvernement a démissionné en matière de justice. En renonçant à asseoir constitutionnellement son indépendance. En l’inféodant au ministère de l’intérieur. En entretenant la confusion entre justice et sécurité. En adoptant les réformes que les mêmes dénonçaient hier.

Christiane Taubira a porté des méthodes novatrices de réflexion collective et défendu des valeurs essentielles, rappelant notamment que les mineurs soumis à la justice pénale sont avant tout des enfants en danger, que l’enfermement ne doit pas être la peine de référence et que la justice quotidienne doit avoir pour horizon la paix sociale. Mais sous son ministère, tandis que les réformes progressistes étaient enterrées, les mesures attentatoires aux libertés ont prospéré.

La justice reste donc aujourd’hui dans une double situation de faiblesse. Au quotidien, praticiens et citoyens souffrent d’une pénurie de moyens matériels et humains, qu’un budget, même en légère hausse, ne résorbe pas. Institutionnellement, elle fait systématiquement les frais des arbitrages gouvernementaux.

Jean-Jacques Urvoas, ardent promoteur d’une loi renseignement confiant toujours plus de pouvoirs à l’exécutif et membre de la délégation parlementaire au renseignement, semblait taillé pour l’Intérieur. Il vient d’être nommé garde des Sceaux.

Gageons que sa pugnacité sera mise au service de la justice et des libertés !