Madame la garde des sceaux,


Le 3 juin dernier, sur les ondes de RTL, Xavier Lameyre, magistrat au tribunal de grande instance de Créteil, a été violemment mis en cause dans une chronique pour deux décisions juridictionnelles rendues récemment en sa qualité de juge des libertés et de la détention.

Dans une présentation aussi partiale que caricaturale, l’auteur de ce « son » - manifestement informé par les services de police, au point de reprendre à son compte le sobriquet « Liberator » - se permet de dénoncer les décisions de celui qu’il désigne comme le « magistrat préféré des voyous du « 9-4 ».

Ces décisions de placement sous contrôle judiciaire de personnes mises en cause dans des affaires pénales sont qualifiées « d’incompréhensibles et de sidérantes pour les forces de l’ordre ».

A plusieurs reprises déjà, en octobre 2009 et en février 2010, Xavier Lameyre, avait fait l’objet d’attaques inadmissibles de la part de certains services de police du Val-de-Marne qui contestaient, dans la presse, des décisions juridictionnelles rendues par ce juge en matière de garde à vue (article du Parisien en octobre 2009 ; « Polémique. Opposée à un juge, la police ferme une brigade », Le Parisien, 19 février 2010 ; « Des policiers contre le juge « Liberator » », Libération, 20 février 2010).

Le Syndicat de la magistrature ne saurait accepter qu’un magistrat soit ainsi publiquement mis en cause pour des décisions juridictionnelles rendues conformément à la loi.

Il s’agit là d’une entreprise de dénigrement systématique visant à déstabiliser ce juge et à exercer sur lui des pressions de nature à porter atteinte à son indépendance.

En conséquence, le Syndicat de la magistrature vous demande d’exprimer publiquement votre soutien à ce magistrat victime d’un lynchage médiatique et de faire en sorte qu’il puisse continuer à exercer ses fonctions de juge des libertés et de la détention en toute indépendance, dans un climat de sérénité retrouvée.

Compte tenu de la gravité de cette affaire et de son retentissement, vous comprendrez que nous rendions cette lettre publique.

Nous vous prions de croire, Madame la garde des sceaux, en l’expression de notre considération vigilante.

Pour le Syndicat de la magistrature,

Clarisse TARON, présidente