Le Syndicat de la magistrature se félicite qu’à Grenoble, la chambre de l’instruction n’ait pas emboîté le pas à tous ceux qui, sans avoir jamais lu le dossier, considéraient déjà que devait être évidemment enfermé celui qui était présenté partout comme « le braqueur d’Uriage ».

En manifestant leur « vive indignation » ou en qualifiant la décision du juge des libertés rendue le 3 septembre dernier de « difficilement compréhensible», le ministre de l’Intérieur et le président de la République se sont une fois de plus fourvoyés. Ils ont démontré leur incapacité à respecter le processus judiciaire en même temps que leur aptitude à instrumentaliser toute décision raisonnée au profit d’une démagogie électoraliste.

Tout aussi grave, la procureure générale de Grenoble elle-même avait cru opportun de hurler avec les loups en qualifiant « d’inacceptable » la décision de son collègue.

C’est donc un cinglant rappel au sens de la mesure qui a été adressé à tous ceux qui oublient, ou feignent d’oublier, qu’une décision de justice ne peut être le produit réactionnel d’une addition de fausses évidences et que l’indépendance du juge est au prix de sa capacité à tenir à distance le déchaînement de ceux qui les brandissent.


Ci-joint: le courrier adressé ce jour par le Syndicat de la magistrature à Madame Martine Valdès-Boulouque, procureure générale près la Cour d'appel de Grenoble.