Le Syndicat de la magistrature a toujours exprimé son attachement profond à la spécificité de la justice pénale des mineurs : son parti pris résolu de l’éducatif et de la protection des enfants délinquants. C’est ainsi qu’il a été amené, depuis le début des années 1990, à dénoncer les réformes successives qui ont peu à peu attiré ce droit de protection vers une répression largement inspirée de la justice des majeurs. Le changement de majorité politique laissait en 2012 la place à un renouveau en la matière, d’abord dans le discours sur l’enfance délinquante, puis dans le projet affirmé d’une réforme ambitieuse qui redonnerait ses lettres de noblesse à l’ordonnance du 2 février 1945 à laquelle les professionnels de l’enfance sont si attachés.
Après trois années d’attente, un projet de réforme paraît susceptible d’aboutir, bien que des incertitudes fortes planent – et certainement avec une plus grande acuité depuis le début de l’année 2015 – sur le calendrier législatif.
Les grandes lignes du texte présenté par le ministère de la Justice ne suffisent assurément pas à répondre aux attentes très fortes du Syndicat de la magistrature, notamment quant à la nécessaire marginalisation de l’enfermement, des peines et des mesures coercitives, qui ont largement pris le pas sur les réponses éducatives.
Le Syndicat de la magistrature considère qu’une réforme de l’ordonnance de 1945 passe par le renforcement de la spécialisation de ses acteurs et du cadre de la responsabilité pénale des enfants délinquants qui impulse une nouvelle temporalité au traitement judiciaire de ces actes (I). Le choix résolu de l’éducatif devra s’exprimer tant dans la restriction des mesures coercitives pouvant être prononcées que dans la redéfinition de l’équilibre entre peines et mesures éducatives (II)...