Il fallait une suite à l’infâme discours de Grenoble : ce sera l’abject discours de Bordeaux. Samedi dernier, Nicolas Sarkozy a fait ce qu’il a pu pour effacer un peu plus la limite censée séparer encore la droite de l’extrême droite dans notre pays. Et comme chaque fois qu’il entreprend de singer le Front National, il était essentiellement question des délinquants et des étrangers : dit-on aujourd’hui, en prononçant 106 fois le mot pour mieux piétiner la chose. Le lendemain, à Marseille, Marine Le Pen a eu du mal à trouver pire. Il ne lui restait qu’à pousser l’avantage.


Au rayon judiciaire de cette superette rhétorique à l’usage des électeurs frontistes, on trouve de tout, mais toujours n’importe quoi : l’alignement de tous les condamnés sur le régime des récidivistes pour l’octroi d’une libération conditionnelle ; un nouvel élargissement des , mais aussi en matière de détention provisoire et d’application des peines ; ou encore, la fin de la double compétence civile et pénale du juge des enfants.


En bref, Nicolas Sarkozy propose de continuer à saccager la justice pendant cinq ans, au nom d’une lutte contre la délinquance qu’il a été incapable de mener pendant dix ans.


Il sait déjà que le bilan de l’expérimentation des , alors qu’elles n’ont jamais fait la preuve de leur efficacité, sauf pour dénaturer le travail des juges et faire déborder les prisons...


Ce président-là, ce candidat en mal de popularité, qui s’accroche au pouvoir en raclant les fonds de tiroir de la droite la plus rance, se moque éperdument de la réalité judiciaire. Les victimes sont ses faire-valoir, les « voyous » ses épouvantails et les juges ses salauds utiles. Quant aux étrangers, voici comment il en parle :


« Je veux dire, pour que les choses soient bien claires, que ceux qui viennent avec l’intention de ne pas respecter nos lois et nos moeurs, de ne pas respecter la propriété d’autrui, de ne pas envoyer leurs enfants à l’école, qui ne sont disposés à faire aucun effort sérieux ni d’intégration ni d’assimilation, ne sont pas les bienvenus en France. On ne peut être les bienvenus en France si la seule justification de sa volonté c’est d’obtenir des prestations sociales. »


Les choses sont claires en effet : Nicolas Sarkozy ne sert pas la République, il s’en sert.