Samedi 31 mars, le président-candidat a tenu à se déplacer en personne pour exposer sa vision des victimes, du droit pénal et de la magistrature sur l’estrade rutilante de de Jean-François Copé.



L’IPJ est, en effet, une association « apolitique ».



Raillant les que la récidive (et la récidive que la récidive de récidive, les délits que les crimes, les contraventions que les délits et donc que les crimes... ?).



Au fil de la logorrhée poujadiste, quelques annonces, parce qu’il ne suffit pas de dire des âneries indécentes, il faut aussi en promettre : perpétuité pour tous les criminels sexuels réitérants, extension des peines-planchers aux délinquants réitérants – gagnons du temps : dès le premier acte et dès l’âge de 3 ans, lorsque les premiers signes de « dangerosité » apparaissent selon l’UMP –, obligation pour les cours d’assises de motiver leur refus de prévoir la rétention de sûreté, obligation pour tous les condamnés qui travaillent – « même en l’absence de partie civile » – de verser 10% de leur rémunération à un fonds d’indemnisation des victimes...



Qu’importe la Constitution – un gadget pour « beaux esprits » sans doute. Qu’importe le montant ridicule de la rémunération des détenus qui peuvent travailler quand d’autres – nombreux – le voudraient et ne le peuvent pas faute de travail en prison. Qu’importe l’inversion définitive de la loi républicaine selon laquelle la liberté est le principe et la détention l’exception. Qu’importe, enfin, que le scandale d’Outreau soit précisément celui de la déshumanisation des « présumés coupables », corollaire de la sacralisation des victimes – alors qu’elles demandent seulement justice – et de l’obsession répressive. Le « programme » de l’IPJ, c’est la promesse de centaines d’Outreau...



Mais ceux qui s’arrêtent à ce genre de détails n’aiment pas les victimes et méprisent le peuple. Alors que Lui, non : « C’est une question de nature, de tempérament »...



Au fait, qu’en pense le garde des Sceaux ? « Ne vous inquiétez pas de Michel Mercier, j’en fais mon affaire » a lancé le candidat de l’UMP à « l’Institut pour la Justice » après avoir rappelé qu’il était, Lui, favorable à un droit d’appel pour les victimes dans tous les domaines.



Que dire après tant d’imbécillités et de mensonges ? Rappeler que chaque magistrat a rencontré et écouté dans sa vie bien plus de victimes que Nicolas Sarkozy n’en rencontrera et n’en écoutera jamais ? Que Nicolas Sarkozy a sabré les budgets des associations d’aide aux victimes ? Qu’il a passé dix ans à saccager le droit, la justice et la police sans rassurer ni réparer la douleur de quiconque, et qu’il n’a rien d’autre à proposer que de recommencer ? Que la justice n’a rien à voir avec le spectacle émétique d’un candidat cynique qui manipule les sentiments, hier pour conquérir, aujourd’hui pour conserver le pouvoir ?



Il est temps de rappeler à Nicolas Sarkozy, non seulement qu’il n’a pas le monopole du coeur ni celui du peuple, mais encore que sa compassion de façade ne saurait dissimuler l’échec cuisant de sa politique dont le seul effet a été de faire reculer l’Etat de droit.