Syndicat de la magistrature

Fichage

  • PJL relatif à la prévention d’actes de terrorisme et au renseignement : nos actions communes

    C'est dans un certain silence pour le moins inquiétant que le projet de loi relatif à la prévention d'actes de terrorisme et au renseignement est actuellement examiné au Parlement. 
    Ce texte scelle toutes les craintes que le syndicat a exprimées depuis 2015 avec plusieurs organisations de défense des droits humains, des avocats et des universitaires, concernant l'inéluctable pérennisation des régimes d’exception mis en place en 2015. Des mesuresdécidées en urgence dans la loi dite renseignement du 24 juillet 2015 et des mesures de l’état d’urgence reprises ensuite de manière « temporaire » dans la loi dite SILT du 30 octobre 2017 vont ainsi être pérennisées et étendues au nom de la lutte contre le terrorisme, bien que la lecture de l'étude d’impact démontre leur inutilité, et au delà, le poison qu’elles inoculent dans l’ensemble du droit positif. 
    Nous avons adressé aux parlementaires une lettre commune de l'Observatoire des libertés et du numérique - dont le syndicat est membre - et de Wikimedia France ainsi qu'une note d'alerte signée par plusieurs associations, syndicats, avocats et chercheurs membres du "réseau anti-terroriste" avec lequel nous élaborons des analyses depuis 2015 sur ces législations d'exception. 
    Nos observations détaillées sur ce PJL sont par ailleurs disponibles ici.

    Lettre OLN aux parlementaires () Voir la fiche du document

    Note d'alerte réseau anti-terrorisme, droits et libertés () Voir la fiche du document

     

     

  • Protection des enfants : nos arguments en partie entendus par l'Assemblée nationale

    Le Syndicat de la magistrature a été entendu le 16 septembre par le rapporteur du texte au Sénat sur le projet de loi relatif à la protection des enfantsqui a été voté en première lecture à l'Assemblée nationale début juillet. 

    Nous avons repris nos critiques, déjà formulées devant l'Assemblée nationale, sur l'absence de débat sur les deux textes législatifs d’importance sur les enfants élaborés au cours de cette mandature - la réforme de l’ordonnance du 2 février 1945 et cette réforme se faisant toutes deux par la voie de la procédure accélérée - ainsi que le regret que le ministère de la Justice n'ait pas du tout été associé à la rédaction de ce texte, aucune présentation n'ayant d'ailleurs été faite en comité technique des services judiciaires.

    Malgré cette problématique de méthode, nous nous étions efforcés de formuler des observations détaillées et concrètes devant la Commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale. 

    L'analyse du texte finalement voté en première lecture et soumis au Sénat a révélé qu'un certain nombre de nos arguments avaient été entendus par l'Assemblée nationale notamment : 
    - L'accompagnement des personnes désignées tiers dignes de confiance par le service de l'ASE, notamment, en l'absence d'AEMO, 
    La possibilité de recourir à l'ASE, notamment, pour le déroulement des droits de visite médiatisé des parents, en cas de placement chez un tiers digne de confiance, 
    - L'élargissement des possibilités de contrat jeune majeur sans exigence de prise en charge sur une certaine durée avant majorité, 
    - La consécration de l'existence des AEMO renforcées dans la loi,
    - L'interdiction faite de procéder à une nouvelle évaluation de la minorité après une décision de juge des enfants de placement et d'orientation sur un autre département, 
    - L'inscription du principe selon lequel la majorité ne saurait se déduire d'un refus de donner ses empreintes et d'une figuration au fichier AEM (appui à l'évaluation de la minorité)

    Outre quelques amendements qui révèlent des contresens que nous avons signalés, certaines dispositions nous semblent en revanche toujours problématiques ou insuffisantes :  
    - Le maintien du recours obligatoire au fichier "appui à l’évaluation de la minorité" (AEM) s'agissant des mineurs non accompagnés.  
    -  L'exigence de collégialité avec présence de trois juges des enfants, ce que nous validons dans le principe mais qui nous semble difficilement réalisable dans la pratique - notre préférence allant vers d'autres magistrats accompagnant le juge des enfants, tels que des juges en charge du contentieux des affaires familiales ou des tutelles des mineurs ou encore des assesseurs de TPE, 
    - L'absence d'avocat obligatoire pour le mineur en assistance éducative, a minima pour la première audience, même si une petite avancée existe avec l'inscription par l'Assemblée nationale de la possibilité pour le juge des enfants de demander d'office le désignation d'un avocat pour l'enfant auprès du bâtonnier,
    - le maintien d'un élargissement du périmètre de la délégation d'autorité parentale ordonnée par le juge des enfants.

    Plus généralement, nous déplorons que ce texte, qui modifie pourtant nombre de dispositions du code civil, du code de procédure civile, du code de l'action sociale et des familles ou encore du code de la sécurité sociale, n'ait pas été l'occasion d'élaborer un véritable code de l'enfance que le gouvernement s'était pourtant engagé à réaliser au cours des débats sur le code de la justice pénale des mineurs. Par ailleurs, l'essentiel des difficultés que rencontrent aujourd'hui les magistrats pour enfants et les services de protection de l'enfance tiennent à une insuffisance des moyens humains, financiers et matériels qui y sont consacrés. A cet égard, malgré la création d'un groupement d'intérêt public pour améliorer le pilotage de la protection de l'enfance, aucune mission de s'assurer de l'exécution des décisions de justice ne lui est dévolue. Sans évolution de ce côté, nombre des dispositions introduites par ce texte resteront lettre morte, comme c'est déjà le cas de plusieurs dispositions actuellement existantes.
     
  • Responsabilité pénale et sécurité intérieure : notre porte étroite

    En commun avec le Syndicat des avocats de France, la Ligue des droits de l'Homme et La Quadrature du Net, nous avons déposé ce jour une contribution extérieure devant le Conseil constitutionnel dans le cadre de sa saisine sur la loi responsabilité pénale et sécurité intérieure. 

    Nous contestons notamment la constitutionnalité des dispositions :

    • modifiant le régime d'irresponsabilité pénale en cas de consommation de substance psycho-actives ;
    • créant un délit autonome de violences faites aux forces de sécurité intérieure et de leurs conséquences sur la peine encourue et les crédits de réduction de peine ;
    • permettant le port d'arme pour tous les policiers de la réserve opérationnelle, y compris ceux n'ayant pas exercé précédemment des fonctions dans le corps de la police nationale ;
    • permettant le placement en détention provisoire de mineurs qui auraient été préalablement considérés majeurs et orientés à tort en comparution immédiate ;
    • relatives à l'amende forfaitaire pour vol simple ;
    • créant une possibilité de recueillir les empreintes de manière forcée, y compris pour les mineurs ;
    • relatives à la vidéo-surveillance dans les lieux de privation de liberté ;
    • autorisant la police administrative et judiciaire à déployer des drones de surveillance ;
    • concernant les caméras embarquées.

    Porte étroite responsabilité pénale et sécurité intérieure () Voir la fiche du document